La grève des enseignants, dirigée par le Syndicat National de l’Éducation (SNE), se poursuit sans signe de répit. Le secrétaire général du SNE, Michel Pépé Balamou, a accordé une interview à notre média pour expliquer les raisons de ce mouvement social et les tensions qui existent actuellement au sein des syndicats de l’éducation en Guinée. Balamou a dénoncé les inégalités persistantes dans le système éducatif et a précisé que ces disparités étaient à l’origine de la grève actuelle. Il a également insisté sur la nécessité d’une rencontre urgente avec le gouvernement pour résoudre la crise.

La grève, qui en est à sa neuvième journée, continue de perturber gravement le système éducatif en Guinée. Les établissements scolaires sont totalement paralysés, tant à Conakry que dans les 33 préfectures du pays. Michel Pépé Balamou a souligné que ce mouvement est soutenu par l’intersyndicale de l’éducation, bien que des divergences existent avec le SLECG (Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée), qui a décidé de ne pas signer un avis de grève commun. 

Selon Balamou, cette division est le résultat d’incompréhensions au sein du mouvement syndical.

« Il y a une incompréhension syndicale par rapport au dépôt de l’avis de grève que nous avons voulu inclusif, mais le SLECG n’a pas daigné nous accompagner et est allé signer un protocole d’accord bidon, de la honte et de l’exclusion, ce qui nous a conduits à cette grève », a déclaré Michel Pépé Balamou. « À ce jour, le gouvernement ne fait pas assez d’efforts pour nous recevoir. Et la crise est en train de s’enliser. Toutes les 33 préfectures de la Guinée sont paralysées. Les 13 communes de Conakry ont aussi rejoint le mouvement. Si nous n’y prenons pas garde, cela pourrait prendre une autre connotation. »

Michel Pépé Balamou a mis une pression forte sur le gouvernement, exigeant l’ouverture immédiate de négociations pour examiner point par point les revendications des enseignants. Il a insisté sur le fait que le SNE mène ce combat pour des raisons sociales et non politiques.

« Nous faisons croire à l’opinion nationale et internationale que notre lutte n’est pas politique. C’est une lutte sociale. Et nous œuvrons dans ce sens. Quand on nous appelle, on dialoguera, et tant qu’on dialoguera, on trouvera des solutions. Si le gouvernement avait anticipé cela dès le premier jour du déclenchement de la grève, tout ce que nous subissons aujourd’hui, avec les dégâts collatéraux, n’aurait pas eu lieu », a expliqué Balamou. « Il revient au gouvernement de faire preuve de responsabilité sociale dans la gestion de cette crise en appelant les partis qui sont partis en grève pour discuter avec eux et comprendre leurs préoccupations. »,  poursuit-il 

Les tensions sont montées d’un cran dans les écoles. Selon Michel Pépé Balamou, plusieurs tentatives d’intimidation ont été signalées, visant à forcer les enseignants à reprendre le travail.

« Vers le week-end passé, ils ont essayé d’intimider les enseignants dans les écoles via les chefs d’établissement et les DPE. Nous avons dit que si cela arrivait, nous serions obligés de durcir le ton. Et c’est ce que vous avez vu ce lundi. Les enfants ont vécu une semaine de paralysie des cours. Ils venaient, on les enfermait dans la cour pour faire croire à l’opinion qu’il y avait cours. C’est finalement à la fin que les élèves se sont rendus compte qu’il n’y avait pas de cours, et ils ont jeté des pierres dans les écoles publiques », a raconté le secrétaire général du SNE.

Michel Pépé Balamou a averti que si ces intimidations et l’inaction du gouvernement se poursuivaient, la situation risquait de se radicaliser. « Si rien n’est fait, la situation pourrait se radicaliser et prendre une autre connotation », a prévenu Balamou, soulignant que le SNE reste déterminé à défendre les droits des enseignants jusqu’à la satisfaction de toutes leurs revendications.

La grève des enseignants en Guinée semble donc loin d’être résolue, avec des conséquences de plus en plus lourdes pour les élèves et leurs familles. Si le gouvernement ne parvient pas à ouvrir un dialogue sincère et à répondre de manière satisfaisante aux préoccupations des enseignants, cette crise pourrait se prolonger, avec des répercussions profondes pour le système éducatif du pays.

Bountouraby Kader Camara