L’éventualité de la suppression du Certificat d’Études Élémentaires (CEE), qui marque le passage de l’enseignement primaire au collège en Guinée, alimente les débats. Ce mardi 8 juillet 2025 le Syndicat National de l’Éducation (SNE) s’est réuni à l’Institut National de Recherche et d’Action Pédagogique (INRAP) pour examiner les conséquences potentielles d’une telle réforme.
L’idée de supprimer le CEE s’inscrit dans une volonté d’universalisation de l’accès à l’enseignement fondamental. Mais pour de nombreux acteurs de l’éducation, cette décision pourrait avoir des répercussions graves sur la qualité de l’enseignement.
Prenant la parole lors de cette rencontre, Michel Pépé Balamou, secrétaire général du SNE, a exprimé ses inquiétudes :
» Les gens supposent que lorsque nous supprimons le certificat d’étude élémentaire, ça permettrait aux enfants d’avoir accès à l’enseignement secondaire, parce qu’il y a la scolarité primaire universelle, il y a aussi l’enseignement fondamental. Aujourd’hui, on veut que tous les élèves atteignent ce niveau.
De l’autre côté, lorsque vous prenez les méfaits, c’est qu’aujourd’hui on n’a pas une évaluation sérieuse dans les écoles, les classes intermédiaires sont des passoires, les gens n’échouent pas. Donc, qu’est-ce qu’il va arriver ? On va trouver des élèves au collège qui ne savent pas lire, qui ne maîtrisent pas les quatre compétences instrumentales de base : lire, écrire, compter et calculer. «

Le SNE estime que les conditions ne sont pas encore réunies pour mettre fin à cet examen, qui joue encore un rôle important dans la régulation du niveau des élèves à la fin du primaire.
Toujours selon Michel Pépé Balamou :
» Pour le SNE, il est très hâtif de procéder à cette suppression. Les conditions ne sont pas encore là. Il faut résoudre la question enseignante, la profession enseignante, la professionnalisation de l’éducation.
Il faut faire en sorte que les écoles de formation enseignante nous fournissent des enseignants en quantité et en qualité, capables de donner à ces enfants du savoir, du savoir-faire, et qui leur permettent de maîtriser ces compétences instrumentales de base. Ensuite, il faut élaborer un système d’évaluation très rigoureux qui ne permettrait pas à tout le monde d’accéder au collège. «

L’une des principales craintes du syndicat est liée à la saturation des établissements secondaires, qui pourraient accueillir des élèves au niveau trop hétérogène, voire insuffisant.
Michel Pépé Balamou met en garde : » On permet aux gens d’aller s’asseoir en 7ème année. Lorsqu’il y aura des effectifs pléthoriques, les enseignants n’auront pas le temps d’évaluer tout le monde. Et ils vont être confrontés à des élèves de niveaux différents, des gens qui ne savent pas lire, écrire ni compter. Ça rend l’enseignement très difficile.
Donc en réalité, c’est un dilemme. Pour nous, c’est une nécessité, mais il faut attendre que des conditions minimales soient mises en place et que le système éducatif guinéen atteigne un niveau de perfection qui pourrait nous permettre de supprimer.
Si nous supprimons ça maintenant, je vais vous dire que le niveau des enfants sera au rabais. Nous allons retrouver au collège des enfants qui ont des écritures illisibles. «

Pour l’heure, le ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation ne s’est pas encore officiellement prononcé. Mais le sujet continue d’alimenter débats et controverses dans les milieux éducatifs. Le sort du Certificat d’Études Élémentaires demeure incertain, tandis que syndicats et pédagogues appellent à une réforme réfléchie, fondée sur des bases solides.
Bountouraby Kader Camara
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