À l’approche de la fête de Tabaski, les gares routières de Conakry, notamment celle de Matam, sont prises d’assaut par des centaines de voyageurs. Chaque année, cette période festive coïncide avec un exode massif vers l’intérieur du pays, où de nombreux citoyens choisissent de célébrer aux côtés de leurs familles. Mais cette volonté de regagner les villages se heurte à de multiples difficultés : manque de véhicules, retards prolongés et embouteillages monstres sur les routes.
Comme des milliers de Guinéens, Mamadi Kourouma s’apprête à passer la fête dans son village natal à Kissidougou. Un choix qu’il explique avec émotion : »Il y a de la joie et la famille là-bas. Ici, on vit avec des gens qu’on ne connaît pas bien. Mais dans les villages, quand c’est la fête, tout se fait ensemble, dans la bonne humeur. C’est pour ça que j’ai décidé de partir « , confie-t-il.

Mais le voyage s’annonce laborieux. Présent à la gare depuis 7 heures du matin, Mamadi n’a toujours pas quitté Conakry: » On a trouvé une voiture, les bagages sont déjà embarqués, mais on attend encore. Les chauffeurs ne semblent pas pressés, ils s’en fichent. On ne sait même plus quoi faire « , déplore-t-il, visiblement agacé.

Du côté des transporteurs, les difficultés sont aussi bien réelles. Ibrahima Sory Barry, chauffeur de longue date, évoque une situation tendue cette année: » Beaucoup de gens viennent, mais il n’y a pas assez de véhicules pour les transporter. On souffre énormément ici « , affirme-t-il.

À cela s’ajoutent les contraintes routières qui compliquent davantage les départs vers l’intérieur du pays: » Nous sommes déjà à notre cinquième voyage, mais c’est un vrai calvaire. Trop d’embouteillages et d’accidents sur les routes. Il serait même préférable d’interdire temporairement la circulation des camions sur certains axes « ,propose Ibrahima Sory Barry.

Comme chaque année à la veille de grandes fêtes religieuses, le pays fait face à une pression logistique et humaine intense. Transport, sécurité routière, organisation : les défis sont multiples. À l’heure où les citoyens aspirent à retrouver leurs proches pour célébrer la Tabaski, un meilleur encadrement des déplacements s’impose. Les autorités sont donc appelées à prendre des mesures concrètes pour alléger les souffrances des populations et fluidifier le trafic, particulièrement en période de grande affluence.
Bountouraby Kader Camara