L’affaire Sékou Yalany Camara, ancien joueur du Gangan FC blessé en 2021, refait surface avec une intensité nouvelle dans le débat médiatique. Après son passage, le 27 juillet dernier, dans l’émission Lampadaire de la télévision Kabacktv, au cours duquel il a accusé plusieurs personnes d’avoir détourné des fonds destinés à ses soins médicaux, une succession de réactions s’est déclenchée. Le vendredi 1er août 2025, le journaliste sportif Sékou Koutoubou Kaba est intervenu sur le même plateau pour livrer sa version des faits et répondre aux accusations qu’il considère comme préjudiciables à son honneur et à son image.

Dès l’entame de son intervention, Koutoubou Kaba a tenu à marquer les esprits par une déclaration ferme : »Je ne suis pas là pour me défendre, mais pour dire la vérité sur ce qui a été dit. Parce que lors de la dernière émission, il y a eu des propos qui ont été tenus. Ma dignité et mon honneur ont été touchés, et mon image a également été bafouée. Donc je suis là pour expliquer à l’opinion ce que je sais de cette affaire. »

Afin de contextualiser son implication, il rappelle les liens de proximité qu’il entretient avec la famille de l’ancien joueur : »Il faut savoir que la famille de Sékou Yalany et la mienne sont des voisins à Kindia, donc nous nous connaissons très bien. J’ai fréquenté les mêmes écoles avec l’un de ses frères. Donc moi, je le considère comme un frère. »

Le journaliste relate les circonstances de la blessure qui ont marqué le début de cette affaire : « Je crois que c’était en avril 2021. Je suivais un match entre l’équipe de Wawa et le Gangan, et par la suite j’ai été informé que Sékou Yalani est tombé au stade et qu’il s’est fracturé. Le 2 mai, un ami intime m’a appelé pour me dire que Sékou est en difficulté. Il m’a expliqué la gravité de la situation et m’a envoyé une photo où il avait le bras entre deux briques. »

Sensible à la gravité de l’état du joueur, Koutoubou Kaba raconte avoir aussitôt pris des initiatives : »Moi, étant journaliste et avec un frère en difficulté, je ne pouvais pas rester indifférent. Déjà on m’avait dit que son état s’était compliqué, qu’ils étaient venus à Conakry, à l’hôpital Ignace Deen, et qu’on leur avait programmé pour une amputation pour le lendemain. »
 » Bien avant, j’ai lancé un SOS, et ensuite, j’ai reçu un appel d’un médecin que je ne connaissais pas, qui m’a dit qu’il fallait tout faire pour ne pas en arriver à l’amputation. »

Transféré à l’hôpital Sino-Guinéen, le jeune joueur bénéficie alors d’un élan de solidarité auquel Koutoubou Kaba dit avoir largement contribué : »À mon arrivée, j’ai trouvé sa maman en pleurs. Elle m’a demandé de l’aide. Je lui ai dit que nous n’en étions pas capables nous-mêmes, mais que nous connaissions des gens qui pourraient le faire. Et j’ai pensé à mon patron, Antonio Souaré.J’ai jugé nécessaire d’appeler son chargé de communication, Djibril Firawa Touré, qui était lui aussi déjà informé de la situation. Je lui ai demandé d’informer le président Antonio, ce qui fut fait. Et il a confirmé qu’il allait s’occuper de la prise en charge du jeune. »

Alors que son nom a été associé à une prétendue gestion irrégulière d’un montant de 40 millions GNF, Koutoubou réfute vigoureusement : »À l’hôpital, il y a un montant qui a été remis à son grand frère : 10 millions, dont j’ai été témoin. Je n’ai jamais touché à une quelconque somme. La seule fois où j’ai pris part à cette histoire d’argent, c’est le jour de la remise de la somme à la famille. Et il y a un document qui l’atteste. C’est moi qui ai demandé à Firawa de donner l’argent au grand frère du malade. »

Il décrit par ailleurs un épisode houleux qui a suivi : » Le 6 août, je sortais du bureau du président quand j’ai reçu un appel venant de Sékou Yalani. Sa maman a pris le téléphone pour m’insulter et me menacer, et son fils aussi a pris le téléphone pour faire pareil. Parce qu’à la veille, j’ai fait un direct sur ma page Facebook pour expliquer aux gens pourquoi il était toujours à Conakry. »

El Hadj Banfa Diaby, président du Gangan FC est lui aussi intervenu par téléphone en direct dans l’émission, il soutient la version du journaliste : »Je laisse le petit avec sa conscience. Dieu ne dort pas. Tout ce que je sais, c’est que le jour de cet incident, moi j’étais à Conakry. Le docteur et le secrétaire général m’ont appelé pour m’informer. Ce jour-là, j’ai pleuré parce qu’il avait été sélectionné en U23.« 

Il ajoute avoir préconisé une prise en charge médicale rapide : »Je leur ai dit de le conduire directement à l’hôpital pour les soins. Mais ses parents ont dit non, qu’ils allaient l’envoyer à Friguiyagbé pour le soigner là-bas. J’ai insisté, mais ils n’ont pas accepté. À son arrivée à Conakry, nous nous sommes rencontrés à l’hôpital Ignace Deen. Ils m’ont dit que les médecins demandaient à ce qu’on lui ampute le bras. Je m’y suis catégoriquement opposé. »

Banfa Diaby affirme avoir financé les premiers soins et sollicité l’appui d’Antonio Souaré : »Antonio m’a mis en rapport avec la Caisse nationale de sécurité sociale. J’y suis allé en personne, et ils m’ont demandé de partir à l’hôpital Sino pour les documents médicaux afin de l’évacuer le mardi. Mais après, Yalani m’a dit que son passeport était à l’extérieur et les informations n’étaient pas conformes. »

Abdoul Salam Dramé, alias Sa Majesté :Également intervenu en direct, il exprime ses regrets et conteste les propos tenus par Yalany Camara : »Avant de commencer, je demande pardon à Koutoubou, parce qu’avant qu’il se retrouve dans cette affaire, c’est moi qui ai appelé son ami pour qu’il l’appelle à son tour afin d’aider ce petit. Tout ce que le petit avait dit sur le plateau est totalement faux. Je n’ai jamais dit qu’on a remis 40 millions à Koutoubou. Je n’ai jamais vu Firawa de mes propres yeux, et on n’a jamais parlé au téléphone non plus. « 

Selon lui, le nœud du problème réside dans l’attitude de la famille du joueur : »C’est la famille du petit qui a envenimé tout ça. Elle a refusé de patienter. »

D’un élan de solidarité à une tempête médiatique
Ce qui, à l’origine, relevait d’une chaîne de solidarité destinée à sauver le bras d’un jeune joueur s’est mué en une polémique médiatique où se mêlent accusations, soupçons, tensions familiales et incompréhensions. Sékou Koutoubou Kaba, Elhadj Banfa Diaby et Abdoul Salam Dramé insistent sur leur bonne foi et rejettent toute implication dans un quelconque détournement de fonds.

Bountouraby Kader Camara