Un forum international de deux jours consacré à la gestion et au recouvrement des avoirs saisis et confisqués s’est ouvert ce lundi 7 juillet 2025 à Conakry. Organisé par l’Agence de Gestion et de Recouvrement des Avoirs Saisis et Confisqués de Guinée (AGRASC-Guinée), en partenariat avec son homologue française (AGRASC-France), l’événement s’est tenue au Palais de Justice, au sein de la Cour d’appel de Conakry.

Placée sous le thème « Gérer pour mieux recouvrer et restituer », cette rencontre de haut niveau vise à renforcer les capacités nationales dans la lutte contre la délinquance économique, le blanchiment de capitaux et le recouvrement des biens issus d’activités illicites. L’ouverture officielle des travaux a été présidée par le Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah.
Le forum réunit magistrats, officiers de police judiciaire, experts nationaux et internationaux, ainsi que des représentants d’agences de recouvrement, afin de favoriser une meilleure synergie entre les différents acteurs impliqués dans la chaîne pénale. Alpha Sény Camara, directeur général de l’AGRASC-Guinée, a souligné l’importance d’une telle initiative pour renforcer la compréhension mutuelle entre les différentes juridictions et agences africaines et européennes :
 » Échanger avec l’AGRASC-France nous permet d’avoir une lecture commune de nos missions respectives. C’est vrai que tout est encadré par la loi, mais dans la pratique, des contraintes contextuelles existent : qu’on soit au Sénégal, au Mali, en Côte d’Ivoire ou en France. Ce forum est donc une opportunité pour arrondir les angles, harmoniser les approches et combler les lacunes identifiées de part et d’autre. « 

Ce forum marque également un tournant dans le processus d’opérationnalisation de l’AGRASC-Guinée. Il devrait permettre une meilleure coordination entre magistrats, officiers de police judiciaire, régies financières et autres entités administratives engagées dans la lutte contre la criminalité économique.
Prenant la parole, le ministre de la Justice, Yaya kairaba Kaba, a insisté sur le rôle central de la magistrature dans cette lutte, en rappelant les responsabilités des acteurs judiciaires :
 » La lutte contre l’enrichissement illicite, le détournement de deniers publics, le blanchiment de capitaux et toutes les formes de criminalité économique ne saurait prospérer sans une implication ferme et coordonnée de tous les maillons de la chaîne pénale. Le rôle des magistrats du parquet, des juges d’instruction, des juridictions de jugement et d’exécution est fondamental. C’est à eux qu’il revient d’ordonner les mesures conservatoires, de veiller à la régularité des procédures de saisie, de garantir les droits des parties, mais aussi d’assurer l’exécution effective des décisions de confiscation. « 

Réaffirmant sa volonté politique, le garde des Sceaux s’est engagé à poursuivre les réformes en cours :
 » En ma qualité de garde des Sceaux, je m’engage solennellement à renforcer les directives de politique pénale en matière de lutte contre la criminalité économique, à assurer un encadrement rigoureux des pratiques professionnelles et à encourager une meilleure culture de coopération interinstitutionnelle. Je veillerai, dans les mois à venir, à ce que toutes les juridictions répressives soient sensibilisées, appuyées et responsabilisées dans la mise en œuvre des outils juridiques de saisie et de confiscation. « 

Prenant la parole à son tour, le Premier ministre Amadou Oury Bah a salué cette initiative, qu’il qualifie de levier essentiel pour la refondation institutionnelle prônée par le Chef de l’État :  » Je vous souhaite bonne chance pour cette action de formation et de renforcement de capacités. Ce qui est fondamental pour la refondation, qui est très chère au président de la République, le général Mamadi Doumbouya, c’est de rechercher, dans tous les domaines, ceux qui en savent le mieux, pour tirer profit de leur expérience. Il n’y a aucune honte à aller chercher le savoir là où se trouve cette source du savoir. Aujourd’hui, sur les aspects du droit et ceux relatifs à l’AGRASC, il est important de se rapprocher de l’AGRASC-France. « 

Ce forum marque une étape clé dans l’opérationnalisation de l’AGRASC-Guinée, qui entend devenir un acteur central dans la traque et la gestion des avoirs criminels. L’événement s’achèvera ce mardi 8 juillet, avec l’adoption de recommandations pratiques pour améliorer la coordination institutionnelle et l’efficacité des procédures de saisie et de confiscation.

Bountouraby Kader Camara

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