Dans la commune de Matoto, le marigot qui sépare les quartiers de Kissosso et de Sangoyah est aujourd’hui méconnaissable. Transformé en dépotoir à ciel ouvert, il suscite l’inquiétude croissante des habitants à l’approche de la saison des pluies.
Ce cours d’eau, autrefois limpide, est désormais envahi par les ordures ménagères, déversées quotidiennement par des riverains peu soucieux des conséquences environnementales. Le marigot, qui faisait office de frontière naturelle entre les deux quartiers, est aujourd’hui à l’agonie, submergé de déchets solides qui bloquent l’écoulement de l’eau.
Pour les habitants, le danger est imminent : le risque d’inondation devient de plus en plus palpable. « Nous ne dormons plus dès qu’il pleut. Nous sommes obligés de rester éveillés toute la nuit, inquiets de ce qui pourrait arriver. C’est déplorable de vivre à côté d’un marigot que nous n’avons pas détruit nous-mêmes, mais qui est devenu une décharge. Je lance un cri de détresse au maire de Matoto, aux autorités locales, au président Mamadi Doumbouya et au ministère de l’Habitat : qu’ils nous viennent en aide« , témoigne une résidente, qui a requis l’anonymat.

À quelques mètres de là, une autre famille subit directement les conséquences de cette insalubrité. El Hadj Mamadi Kollo, l’un des riverains, pointe du doigt le manque de civisme de certains voisins. « Ces ordures nous ont trop fatigués. Nous avons proposé une solution d’abonnement pour la collecte, mais certains refusent et préfèrent venir tout jeter ici. Si l’État pouvait nous aider à nettoyer ce marigot et créer un canal d’évacuation vers la mer, cela nous soulagerait énormément. »

Selon les constats sur le terrain, ce sont souvent des enfants qui déposent les déchets au bord du marigot, envoyés par leurs parents pour éviter les sanctions. Une méthode sournoise que dénonce fermement le chef de quartier de Sangoyah marché, Mohamed Maciré Camara. Ce dernier promet des actions concrètes.
« Nous avons demandé aux riverains d’identifier les personnes qui jettent les ordures. Qu’elles soient traduites devant les instances du quartier, voire la police. J’ai déjà saisi le commissariat de proximité pour qu’il nous accompagne dans cette lutte. Toute personne surprise en train de polluer le marigot sera sanctionnée par une amende. Nous avons lancé une campagne de sensibilisation, mais certains continuent de faire la sourde oreille« , regrette-t-il.

À l’heure où les premières pluies s’abattent sur la capitale, cette situation d’insalubrité inquiète les citoyens et appelle une réponse urgente des autorités. Pour préserver ce marigot et protéger les populations environnantes, des mesures concrètes et durables s’imposent.
Bountouraby Kader Camara
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