Le ministère de l’enseignement supérieur a besoin de 250 nouveaux enseignants chercheurs. C’est ce que l’on peut retenir des propos du ministre Alpha Bacar Barry sur les antennes de la télévision nationale. Pour l’ancien chef du département de l’enseignement technique, le recrutement de ces 250 enseignants chercheurs de nationalité guinéenne ou étrangère, titulaires de doctorat va non seulement permettre de développer l’enseignement supérieur en Guinée mais aussi permettre aux étudiants guinéens de bénéficier de l’expérience des autres pays dans les domaines de l’innovation, des sciences et de la technique. Nous vous proposons l’intégralité de l’interview

Quelles sont les spécificités du recrutement de ces 250 enseignants chercheurs ?

ALPHA BACAR BARRY : Cela va en droite ligne avec la vision du chef de l’Etat sur les questions de développement du capital humain en république de Guinée. Il nous a d’abord instruit avec le ministre du travail en collaboration avec les autres membres du gouvernement de procéder à l’assainissement du fichier de la fonction publique pour qu’on puisse faire de la place à des guinéens qui puissent entrer dans le système. Déjà chaque ministère a émis une requête spécifique liée à son métier. Pour le cas du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, il s’agit du recrutement d’un total de 1000 fonctionnaires mais sur ces 1000 fonctionnaires 250 seront recrutés spécifiquement sur la base de leurs compétences et du grade qu’ils ont obtenu ainsi que de leur expérience.

Il s’agira de Guinéens résidents en Guinée mais aussi établis à l’étranger. Le président a voulu que ce recrutement soit à la fois équitable mais surtout sérieux et qu’il puisse répondre à nos besoins. Ces besoins sont divers et variés. Il se trouve que tous les Guinéens en tout cas, tous ceux que nous connaissons dans nos bases des données ne peuvent pas remplir toutes les cases. Donc c’est pourquoi nous ouvrons ce recrutement aux guinéens qui sont établis à l’étranger mais aussi à des étrangers qui pourront venir et qui pourront être des contractuels et occuper des postes d’enseignement ou avoir une carrière dans l’enseignement en Guinée. C’est une démarche de qualité et d’urgence, cela va permettre de venir combler certaines lacunes dans plusieurs domaines notamment les sciences, la littérature, la philosophie, la sociologie et dans d’autres domaines. Nous allons recruter environ 80% de ces gens dans les domaines des sciences et des techniques et ils seront reversés directement dans les institutions d’enseignement supérieur et pourront travailler dès la rentrée prochaine.

Le processus va prendre un mois en termes d’appel à candidature et ensuite un comité interne au ministère de l’enseignement supérieur aidé par le ministère du travail et de la fonction publique mais aussi d’autres personnes ressources vont nous permettre justement de procéder à un recrutement sérieux et de qualité. L’appel à candidature est déjà ouvert sur le site du ministère du travail et de la fonction publique et sur le site du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation. Il s’agit d’un lien sur lequel vous cliquez, vous faites la démarche de candidature en apportant vos dossiers, après un comité va siéger et va vous entendre sur les dossiers et procéder à ce recrutement.

Quels sont les critères qu’il faut remplir pour être recruté ?

Il faut être de nationalité guinéenne ou étrangère, détenteur d’un doctorat, avoir une expérience dans l’enseignement donc dans la démarche pédagogique, être capable d’être mobilisé tout de suite pour enseigner de Conakry jusqu’à N’zérékoré et être opérationnel tout de suite. C’est-à-dire que vous devez être libre de toutes autres contraintes professionnelles ailleurs et être disponible à venir à Conakry ou aller à l’intérieur du pays pour enseigner.

Qu’est-ce que ce recrutement va changer fondamentalement dans la qualification de l’apprentissage ?

C’est l’une des briques qui manque à l’ensemble des réformes qui ont été engagées il y a peu de temps au niveau du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation. Depuis que nous sommes arrivés, nous engageons un nouveau chantier sur la formation des formateurs. Donc sur la démarche qualité, la révision du contenu des formations qui va venir trouver un ensemble de mesures notamment incitatives à savoir la revalorisation des primes pour les enseignants-chercheurs et les chercheurs. Nous sommes en train aussi de lancer un deuxième chantier qui est le développement de la recherche scientifique et surtout la valorisation des résultats des recherches. Tous ceux-ci doivent pouvoir trouver un personnel enseignant de qualité qui puisse améliorer cela. Ça va permettre de diversifier l’offre des formations dans les études avancées donc au niveau des classes de Master. Aujourd’hui des programmes de Master vont être de plus en plus offerts à des guinéens puisque l’essentiel de nos étudiants s’arrêtent en Licence.

Donc nous avons pour ambition aujourd’hui de pousser les institutions d’enseignement supérieur à offrir plus de programmes de formation en Master et en Doctorat, développer et animer les écoles doctorales, proposer un encadrement pour le Master de très grande qualité et tous ceux-ci vont rejoindre un autre chantier que nous avons lancé qui est la transformation de l’institut supérieur de formation à distance à une université numérique de Guinée. Nous ambitionnons d’offrir la possibilité d’une formation numérique à nos nombreux jeunes qui tapent aux portes des universités guinéennes. Tout cela a besoin d’enseignants de qualité, d’un système de formation des formateurs qui soit vital et dynamique et qui soit surtout autonome et qui puisse régénérer tout seul. C’est ça que nous sommes en train aujourd’hui d’engager en faisant appel aux Guinéens détenteurs de doctorat, aux Guinéens établis à l’étranger.

Nous ouvrons ces compétences aussi à des étrangers qui viendront avec nous et nous aider à combler ces lacunes. Parce que le transfert des compétences, la multiculturalité aussi et surtout la diversité des nationalités va permettre justement une émulation au sein des universités et cela va permettre à nos enseignants de se mettre dans une démarche de performance et d’être beaucoup plus compétitifs.

Nous avons lu dans votre communiqué que certains de ces enseignants chercheurs pourraient toucher jusqu’à 240 millions gnf par an. Qu’en est-il ?

Il faut dire merci au président de la république qui a accepté de revaloriser les primes et les salaires des enseignants chercheurs et chercheures de la république de Guinée. Donc ils viennent trouver une grille salariale qui est assez intéressante et avantageuse pour eux. Vous me direz que c’est peu mais c’est 10 fois mieux que ce qui était pratiqué avant. Et cela permet aujourd’hui à notre système de faire appel aux guinéens établis à l’étranger et aux guinéens titulaires de doctorat et qui ont envie de faire carrière dans l’éducation mais surtout aussi à des talents étrangers, de venir s’installer ici et transférer leurs compétence et savoir-faire.

Un dernier mot…

Nous continuons, nous sommes aux côtés des étudiants guinéens pour l’amélioration de la qualité de la formation. Surtout les réformes continuent et elles vont s’affiner et aller vers la valorisation de la recherche scientifique. Dans les prochains jours, nous allons vous revenir sur des projets spécifiques notamment sur la transformation ou l’érection en Guinée d’une Cité des sciences, il y aura beaucoup plus des projets concrets. Le président est en train de mettre les bouchées doubles également pour que l’on puisse commencer la construction des universités régionales.  On investit dans l’éducation et on le fait bien.