Dimanche 29 juin 2025, l’émission « Lampadaire » sur Kaback TV a reçu un invité pas comme les autres. Oury Bah, artiste chanteur, diplômé en génie chimique de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, est venu partager son histoire, entre passion musicale, rigueur académique et engagement professionnel.

Natif de Kindia, Oury Bah est un nom qui résonne aujourd’hui dans l’univers musical guinéen. Mais derrière cet artiste accompli, se cache un parcours peu ordinaire, façonné par les défis sociaux, les réalités économiques et une détermination sans faille.
Un amour précoce pour la musique
Dès son plus jeune âge, Oury Bah ressent un attrait pour la musique. À l’école, il excelle en récitation et en chant. Influencé par les cassettes musicales ramenées par son père, il commence à imiter ses idoles. Un talent vite remarqué par ses camarades.
 » J’aime la musique depuis tout petit. À l’école, j’étais très bon en récitation et chant. Mon papa venait souvent avec des anciennes cassettes que j’écoutais beaucoup. Je les imitais, et mes amis m’ont dit que j’étais trop intelligent pour me contenter d’imiter. On a donc créé un groupe. C’est de là que tout est parti « , explique-t-il.

Après l’obtention de son baccalauréat, il se lance en solo, avec le soutien de sa famille. Son premier single rencontre un franc succès, confirmant son talent.
 » J’ai sorti un premier son que les gens ont beaucoup aimé. Et de là, j’ai continué. Après une pause, j’ai fait mon retour en 2021 avec un single qui a marqué la résurgence de Oury Bah. « 

Une carrière musicale face aux normes sociales
Chez les Peuls, groupe ethnique auquel appartient Oury Bah, la musique est rarement vue comme un chemin de réussite. L’artiste témoigne des obstacles socioculturels auxquels il a dû faire face.
 » Chez nous les Peuls, c’est très difficile. On est plus dans la religion, dans la lecture du Coran. Mais ce qui m’a aidé, c’est que j’étais très intelligent à l’école. Toujours parmi les meilleurs. Sinon, je n’ai pas eu de soutien. « 

Malgré les réticences familiales et culturelles, il poursuit son rêve tout en s’assurant une stabilité professionnelle.
Professeur de physique et artiste : un équilibre stratégique
Loin des projecteurs, Oury Bah est aussi un enseignant de physique dans des établissements privés, un choix qui lui permet de financer sa carrière musicale.
 » J’ai toujours été un bosseur. Je me battais dans les écoles privées en donnant des cours de physique. Récemment, j’ai réussi le concours d’entrée à la fonction publique. En dehors de la musique, je suis enseignant. Et ça m’aide beaucoup pour mes musiques. « 
Il souligne la transparence du concours qui l’a permis d’intégrer la fonction publique, saluant les efforts des autorités.
 » Je remercie les autorités. Faire un concours aujourd’hui et avoir les résultats dès le lendemain, c’est du jamais vu. Tous ceux qui l’ont eu, l’ont vraiment mérité. Aucun gouvernement n’est parfait, mais il faut reconnaître le côté positif. « 

Un message à la jeunesse artistique
Conscient des difficultés économiques que rencontrent les artistes en Afrique, Oury Bah appelle ses pairs à suivre un parcours équilibré.
 » La vie d’artiste est très difficile sans soutien financier. J’appelle les artistes à faire comme moi. Il faut s’accrocher à une autre activité pour continuer à créer librement. « 

Le parcours de Oury Bah est la preuve qu’il est possible de concilier passion artistique et rigueur professionnelle. À travers son exemple, il envoie un message fort à la jeunesse guinéenne : la persévérance, la formation et l’audace peuvent faire toute la différence. Entre craie et micro, il incarne une nouvelle génération d’artistes conscients, responsables et engagés.

Bountouraby Kader Camara

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